* Les chargés d’accompagnement animent les approches de renforcement des acteurs et de mobilisation sociale et encouragent les changements définis par les acteurs par des échanges réguliers sous différentes formes.

  • Qu’avez-vous retenu principalement de cette mission ?

Fidèle : J’ai beaucoup appris auprès de mes collègues, notamment auprès d’Arel, d’Andrécieux (chargé d’accompagnement du projet Bouala à Mouyondzi), et de Gabin (responsable du projet Bouala). Mon séjour a été marqué par tous les temps d’échange que j’ai pu avoir avec Arel, précisément sur les objectifs de ses différentes missions au Congo-Brazzaville et au Gabon, mais aussi sur ses méthodes de travail. J’ai également beaucoup appris sur les stratégies de mise en œuvre des projets Bouala (projet de renforcement des droits et participation des groupes vulnérables à la gouvernance forestière) et NOVAI (projet d’amélioration des pratiques d’hygiène en milieu urbain).

Arel : Ces échanges avec Fidèle m’ont permis de comprendre l’impact que peut avoir le contexte sécuritaire, culturel, social et politique d’une zone sur la mise en œuvre d’un projet et plus particulièrement de l’Approche Orientée Changement – appliquée à la Mobilisation Sociale (AOC-MS). Le fait que certains acteurs et actrices vivent dans une zone dangereuse et instable, couplée à une vulnérabilité causée par l’attente passive des aides alimentaires et sanitaires a une influence indéniable sur la mobilisation volontaire des acteurs et sur la définition d’une vision d’amélioration pour leur milieu puis de leurs propres.

ZOOM : Une des approches d’accompagnement et renforcement des acteurs. L’AOC-MS de quoi s’agit-il ?

ID a développé une pratique particulière de l’Approche Orientée Changement et l’applique à la mobilisation sociale, dans l’objectif de stimuler et d’accompagner des processus de changement chez des communautés, pour qu’elles répondent à leurs enjeux à partir de leur propre analyse et de leur propre moteur.
Pour en savoir plus sur cette démarche : https://id-ong.org/a-pas-de-cameleon-une-illustration-de-laoc-ms-dans-la-pratique-did/

  • Quel moment vous a particulièrement marqué et pourquoi ?

Fidèle : J’ai été marqué par le focus group de suivi-encouragement* des changements avec les femmes adultes agricultrices à Louboto (Mouyondzi). Ce sont des femmes leaders, motivées et engagées, ayant beaucoup de charisme et une belle éloquence. La méthode d’organisation de ce focus group est à reproduire, car elle permet d’obtenir des résultats plus probants dans la définition des changements attendus. J’ai aussi beaucoup apprécié l’animation de l’atelier multi acteurs annuel avec les acteurs engagés dans des changements à Nkayi 2 (sur le projet NOVAI) dont l’un des moments marquants est l’utilisation de slogans fédérateurs et connus de tous afin de motiver le groupe.

* Temps d’échange et d’encouragement par groupe d’acteurs pour récolter les changements réalisés et faire discuter sur les difficultés rencontrées pour les réaliser.

Arel : Le moment que j’ai le plus apprécié a été la prise de parole de Fidèle devant les femmes adultes agricultrices. Sans l’avoir coaché au préalable, je lui ai demandé de s’adresser aux participantes du focus group et il l’a fait avec une grande aisance. Sa méthode encourageait les actrices et valorisait les changements qu’elles ont pu réaliser. C’est d’autant plus remarquable car c’est un exercice auquel elles ne sont pas habituées.  Et nous ferons en sorte de créer d’autres temps grâce à cette belle relation naissante, et peut-être lors d’une mission au Tchad…Inch’Allah !

  • Qu’as-tu pensé et appris de la posture et des méthodes d’animation de tes collègues accompagnateurs congolais ?

Fidèle : J’ai pu observer l’importance d’une bonne coordination dans l’animation des focus groups et des ateliers multi-acteurs. Au cours de ces ateliers, les membres des équipes se complétaient en cas de difficultés ou de communication approximative. Je repars également avec de nombreux outils en tête : une stratégie de stimulation de la collaboration des acteurs dans le cadre de la mise en œuvre des changements, quelques documents supports à afficher dans nos bureaux, ainsi que des outils pour communiquer les changements significatifs réalisés par les acteurs à destination des radios locales et des réseaux sociaux.

  • Qu’as-tu retenu de tes échanges avec Fidèle, notamment sur la mise en œuvre d’une AOC-MS dans un projet d’urgence ?

Arel : Il est ressorti dans nos échanges qu’il est très complexe de mettre en œuvre une AOC-MS avec des actrices et acteurs vivant dans des zones où la situation sécuritaire est instable. Ils souhaitent naturellement prioriser les projets qui leur apportent une aide immédiate. C’est d’autant plus vrai lorsqu’ID est inclus dans un consortium dont la coordination est assurée par une ONG urgentiste. Je retiens aussi la curiosité et la volonté de Fidèle d’en apprendre plus sur la manière dont les équipes en accompagnement du Congo collaborent et travaillent méthodologiquement pour mettre en œuvre les méthodes innovantes accompagnées par le PAR dans ses projets. J’ai remarqué aussi que Fidèle était intéressé par la complémentarité entre le comptable-logisticien – qui s’occupait de la restauration et du matériel nécessaire pour l’atelier – et les accompagnateurs/animateurs de l’atelier bilan à Nkayi qui ne s’occupaient pas seulement des questions techniques et méthodologiques, mais aussi de la logistique.

  • Un mot pour conclure ?

Fidèle : C’était un moment important qui nous a permis d’évaluer ma posture d’accompagnement et nos méthodes de mise en œuvre et d’animation de l’AOC-MS dans le projet ADELAC (Appui au développement des jeunes enfants dans la région du Lac Tchad). En croisant l’échange que nous avions eu dans le projet PASAM (développement des services d’assainissement) à Moundou et celui du Congo, nous en avons conclu que l’AOC-MS développée dans le cadre du projet ADELAC – malgré le contexte de crise humanitaire et la présence de Boko Haram – suit une progression similaire aux autres AOC-MS en termes de mise en œuvre et de posture d’animation, et ce malgré les obstacles observés dans ce contexte d’urgence. Le programme de cette mission était très dense et ne nous a malheureusement pas permis de balayer tous les aspects de notre mission d’échange. Cependant, grâce aux échanges avec le responsable du projet NOVAI, Christ, et du Référent d’Accompagnement, Arel, j’ai mieux saisi l’enjeu du ROI (Renforcement Organisationnel et Institutionnel- une autre approche d’ID d’accompagnement pour les organisations de la société civile) et la mise en œuvre du budget participatif dans le projet NOVAI.

Arel : Cette mission a été bénéfique car une relation a pu naître entre collègues évoluant dans la même structure, certes chacun dans des contextes et des géographies différents, mais avec certaines difficultés communes. Nous avons pu discuter d’une harmonisation de notre stratégie de travail. Une communauté de travail est ainsi née afin d’essaimer et de développer de façon harmonieuse et standardisée les méthodes innovantes d’accompagnement et de renforcement des acteurs en Afrique Centrale.

[Propos recueillis par Maëlys Clerté]