L’entrée de l’eau en bourse : un danger pour le droit à l’eau
Le lancement du premier marché à terme de l’eau, le 7 décembre 2020, par la société mondiale d’échange de produits dérivés financiers, CME Group, marque un glissement dangereux vers la financiarisation de la nature et plus particulièrement de l’eau. Avec cette entrée de l’eau à Wall Street, la financiarisation de cet élément vital gagne du terrain, alors
que les « marchés de l’eau » déjà mis en place dans plusieurs pays (notamment le Chili et l’Australie) ont eu des conséquences néfastes au niveau local.
Alors que l’ONU a reconnu le droit humain à l’eau potable il y a plus de dix ans, un sursaut est nécessaire : en 2021, les chiffres de l’accès à l’eau sont alarmants avec 2,2 milliards de personnes dans le monde qui vivent encore sans accès physique à une eau potable sûre.
Les marchés financiers de l’eau ouvrent la voie à des spéculations massives et à des prix de l’eau élevés, favorisant les acteurs économiques les plus puissants, au détriment du droit humain à l’eau potable, de l’accès à l’eau des paysans et des besoins des écosystèmes.
Une déclaration de la société civile pour s’opposer à la financiarisation de l’eau
Par ce texte collectif, les organisations internationales signataires veulent rappeler, d’une seule et même voix, que l’eau est un droit humain mais aussi un bien commun : « L’eau ne peut être considérée comme une marchandise ni comme un placement financier ou un objet de spéculation. […] Laisser les lois du marché décider de la répartition et de la gestion de l’eau est inacceptable au regard des droits humains et irresponsable face à la situation écologique et sanitaire mondiale. »
Cette déclaration appellera à la prise de responsabilité des pouvoirs publics pour qu’ils s’opposent à la financiarisation de la vie et prennent toutes les mesures nécessaires pour rendre illégale la cotation de l’eau en bourse. Les signataires enjoignent également « chaque personne à revendiquer son droit à l’eau, à refuser l’emprise des acteurs financiers sur cet élément vital, à se réapproprier ce bien commun du vivant, et à contribuer à sa protection pour les générations présentes et futures ».
La responsabilité collective des communautés humaines vis-à-vis de l’eau en tant que bien commun
du vivant est urgente et fondamentale !
CHIFFRES CLÉS :
● 4 milliards de personnes (2/3 de la population mondiale) connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. (Four billion people facing severe water scarcity – Science Advances, Février 2016)
● D’ici 2050, 40% de la population mondiale sera confrontée aux pénuries d’eau (OCDE 2012).
● 2,2 milliards de personnes, soit 29% de la population mondiale, n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable géré en toute sécurité. (Rapport du Joint Monitoring Program 2019, OMS/UNICEF)
● Chaque année, la diarrhée causée par un accès inadéquat à l’EAH tue plus de 1 000 enfants de moins de cinq ans par jour. (Factsheet drinking water, OMS)
● Les crises liées à l’eau ont été identifiées comme étant le risque n°5 en termes d’impacts sociaux à moyen terme, sur les 10 prochaines années. (World Economic Forum Global Risks Report, 2020)
● Près de la moitié de la population mondiale se trouve sans accès à un endroit où se laver les mains avec du savon et de l’eau. (Rapport du Joint Monitoring Program 2019, OMS/UNICEF