Après avoir été repoussée à cause de l’urgence sanitaire, la COP 26 a fini par s’ouvrir en Ecosse le 31 octobre 2021. Entre-temps, l’urgence climatique ne s’est malheureusement pas estompée. 2020[1] et 2021[2] ont été marquées par une succession d’événements climatiques extrêmes qui ont frappé aussi bien les pays du Sud que les pays du Nord. Ces épisodes deviendront d’ailleurs de plus en plus intenses et fréquents à l’avenir.

En parallèle de cela, la montée du niveau de la mer[3], l’acidification des océans[4] ou encore la fonte des glaciers[5] et du Groenland[6] continuent de s’accélérer. Depuis 1995, malgré les COP successives, la concentration de C02 dans l’atmosphère n’a cessé d’augmenter[7]. Actuellement, la température moyenne à l’échelle du globe s’est déjà accrue d’environ 1.1 degré par rapport à l’ère préindustrielle. On risque même d’atteindre les 1.5 degré de réchauffement avant 2040[8], alors que l’Accord de Paris prévoit de limiter le réchauffement en dessous de 2 degrés d’ici 2100.

Face à ces tendances, de nombreux Etats se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050[9]. Mais pour y parvenir, les mesures d’atténuation (ex : Réduire drastiquement le niveau de subventions aux énergies fossiles[10] ; développer rapidement les énergies renouvelables et leur accès ; lutter contre la déforestation ; etc.), ne pourront pas suffire[11]. Il est aujourd’hui crucial de financer également d’ambitieuses mesures d’adaptation qui, pour l’heure, ne semblent pas constituer une priorité pour les Etats[12]. Même si la COP 26 se solde par une série de nouveaux engagements (peu contraignants), il sera vital de veiller à ce que ceux-ci soient respectés.

C’est en ce sens que la Commission Climat et Développement de Coordination SUD a décidé de concevoir un « baromètre d’analyse des engagements climatiques et solidaires de la France », travail auquel ID a contribué. Au travers d’entretiens avec divers acteur.ices d’organismes publics et de la Société civile, et de recherches bibliographiques, cet outil cherche à évaluer le degré de prise en compte de la question climatique dans les mesures d’aide au développement prises ou soutenues par l’Etat français au regard des questions liées au genre (ODD 5) et à l’énergie (ODD 7). En outre, cet outil permet de s’interroger sur la cohérence entre ce qui est fait et les engagements pris par la France en matière de lutte contre les changements climatiques depuis l’Accord de Paris de 2015. A titre d’exemple, l’adhésion de la France au Traité sur la charte de l’énergie de 1998 semble contradictoire avec son objectif affiché d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Autre exemple, afin de respecter son engagement en faveur d’une diplomatie féministe, la France doit aussi encourager des démarches destinées à hisser des femmes vers les centres de décision en matière de lutte contre les changements climatiques.

En bref, si le lien entre climat et énergie est clairement reconnu et pris en compte dans les actions de solidarité internationale de la France, ce baromètre met en lumière 3 principales limites :

  • Un manque de moyens techniques et financiers des financements mis à disposition des organisations de solidarité internationale pour leur permettre
    de réaliser des études préalables sur les enjeux climatiques liés à leurs projets ;
  • Une trop faible prise en compte des enjeux qui ne sont pas directement
    liés aux émissions de gaz à effet de serre (maintenance des infrastructures énergétiques dans nos pays d’intervention par exemple) ;
  • Un impact « caché » de notre propre transition énergétique sur les pays en développement que la France s’engage à soutenir (peu de documentation et de prise en compte de la production de déchets par exemple).