Rendre le plus grand nombre légitime à participer à la prise de décision
Inspirés par la concertation citoyenne, durant 14 mois, ID a travaillé à mettre en place et animer des espaces de discussion où toute personne, quel que soit son statut social, son appartenance et son degré d’éducation ou d’implication dans la vie de la cité, peut participer. Notre ambition : que chacun.e puisse s’exprimer en toute confiance: membres des organisations de la société civile, associations, jeunes, femmes, personnes âgées, leaders religieux et personnes vulnérables. Ainsi, à l’issue de ces échanges, il devient possible de définir des priorités communes de développement à l’échelle du quartier puis de l’arrondissement et enfin à l’échelle de la ville de Moundou.
« Grâce à la concertation, les projets sont imaginés par et pour les habitants, c’est ce qui leur donne toute leur pertinence. »
Construire ensemble la ville de Moundou de demain
Les différents lieux d’échanges permettent de faire émerger une vision collective de développement du territoire. Ces échanges listent les manques dont pâtissent les citoyennes et citoyens ; Parmi les éléments relevés on retrouve par exemple des manques de salle de consultation dédiée à la maternité ou des manques d’accès à l’eau et l’assainissement. Une fois ces besoins recensés, il faut les hiérarchiser et construire un ordre de priorités des actions à mettre en place pour le bien commun. Ces projets et leur priorisation sont alors consignés dans un Plan de Développement d’Arrondissement (PDA), guide pratique des actions à mettre en place par la mairie et les Comités de Développement d’Arrondissement.
« Le projet doit s’inspirer de la réalité exprimée par la population ! Souvent l’Etat fait à notre place sans nous demander notre avis »
Le financement des projets grâce à la redevance citoyenne
Les projets décidés et inscrits dans le plan de développement d’arrondissement (PDA) sont ensuite soutenus par le programme. En complément de cet investissement, les moundoulaises et moundoulais contribuent à apporter leur participation grâce une mobilisation communautaire réalisée par les Comités de Développement d’Arrondissement. Un mécanisme de sécurisation des fonds collectés par les Comités est mis en place afin de garantir la bonne gestion et ainsi établir la confiance entre les habitant.e.s et les CDA. Et c’est avec beaucoup d’intérêt et de volonté que chacun.e s’implique dans le financement de ces projets.
« A l’issue des consultations, il est apparu qu’il manquait des pompes à eau à motricité humaine dans des endroits stratégiques de la ville, notamment, aux abords du marché. Plusieurs pompes ont donc été installées dans la ville. Le principe de financement est simple : l’eau est payante à un tarif très réduit, les recettes ainsi générées sont ensuite réinvesties dans l’entretien et les réparations des pompes. L’ambition des citoyennes et citoyens va même encore plus loin ! Grâce à ces ressources financières liées à l’utilisation des pompes, des latrines ont pu être construites aux abords des marchés ! Faire valoir ses droits !
Donner la parole aux habitantes et habitants, c’est leur permettre de vivre les résultats réels de leur implication ! Une fois que les citoyennes et citoyens ont testé et réalisé qu’ils et elles avaient leurs places dans la prise de décision, leur engagement s’en trouve démultiplié ! En prenant une part active dans les projets de la ville, de la consultation citoyenne en passant par la prise de décision, jusqu’à la définition des modalités de la participation citoyenne, les habitant.es s’engagent avec une vraie prise de conscience de leurs droits et devoirs. C’est très gratifiant d’autant plus que les résultats de leur engagement sont directement visibles.
« Le changement prend du temps et nécessite une prise de conscience. Mais une fois opéré, les résultats sont là ! J’ai été très enthousiaste quand plusieurs membres du comité de développement d’arrondissement avec qui l’on a travaillé durant les 14 derniers mois, ont décidé de leur propre initiative, de rencontrer le représentant du programme de gestion de l’assainissement de la ville de Moundou. En effet, la veille opérée par les citoyennes et citoyens a permis de faire très rapidement remonter le danger que constituent les canalisations laissées à l’air libre sans être sécurisées. Grâce à la formation en matière de plaidoyer et redevabilité, les membres des Comités de Développement d’Arrondissements ont suivi le dossier, et fait valoir que la loi tchadienne interdit de laisser les caniveaux ouverts non sécurisés. La ville a donc été obligée de réagir en conséquence. Réaliser que ces groupes se sont appropriés à la fois la méthode de gestion de projet mais aussi les aspects législatifs et de plaidoyer est une réelle réussite du projet et une immense fierté pour les équipes d’ID ! C’est très encourageant ! »
Blaise Koitlonan, responsable du projet Komnand 3