Lorsque nous parlons d’œuvrer à l’accès au pouvoir d’agir de chacune et chacun pour un monde plus juste et plus durable, nous avons le devoir de nous interroger sur la situation des femmes dans le monde, et notamment des plus vulnérables d’entre elles. Car 61% des personnes les plus pauvres et 2/3 des analphabètes sont des femmes.
Qui sont-elles ? Je vous propose un bref état des lieux :
Elles travaillent la terre et produisent ce dont la famille a besoin, mais si dans le monde 50% des agriculteurs sont des agricultrices, 13% seulement sont des propriétaires fonciers. L’accès aux crédits leur est difficile, la reconnaissance de leur travail au sein de la famille est inexistant parce que « normal », leur avis n’est pas demandé et ne compte pas, le pouvoir de décision et l’accès à des postes de décision sont très faibles, les hommes dominent les débats publics, y compris quand il s’agit de parler de droits des femmes. Les hommes, chefs de famille, prennent les décisions sur la scolarité (ou non scolarisation) des filles, le mariage…. Les violences faites aux filles et aux femmes, dans la famille, le couple, l’espace public, l’univers professionnel, portent même une justification sociale quand une femme ne se comporte pas dans le rôle de genre qui lui est assigné.
Ainsi, les femmes portent le fardeau le plus lourd par les rôles qui leur sont attribués, cultiver, assumer les maternités, s’occuper de « la famille », mais être exclues des décisions et se taire dans l’espace public.
Face au changement climatique, elles sont aussi les premières impactées, elles qui doivent marcher plus loin pour rechercher de l’eau potable, faire face aux sécheresses qui réduisent les rendements agricoles, trouver l’énergie nécessaire aux repas pour nourrir leurs familles, dans des circonstances de plus en plus difficiles. Leur temps libre se réduit tout comme leurs ressources économiques. Le réchauffement climatique laisse entrevoir un fossé encore plus grand entre les hommes et les femmes.
Les accaparements de terres et les déplacements forcés liés aux projets extractivistes et à l’agrobusiness, promus « fers de lances du développement », ont aussi des coûts environnementaux et sociaux à grande échelle envers les femmes et les communautés, contribuant encore aux niveaux déjà élevés de violence à l’égard des femmes.
La vision de ID est de construire un monde plus équitable, où chaque personne, même vulnérable ou marginalisée, doit pouvoir vivre dignement, s’exprimer et agir sur son environnement, dans le respect des autres et de la planète. Ainsi, l’action de ID doit porter plus que jamais une attention particulière à la place des femmes :
- Pour favoriser l’expression de leurs besoins, l’analyse et la compréhension des situations, développer la capacité d’analyse et d’argumentation pour prendre la parole, se faire écouter, se défendre et se faire respecter
- Pour que puissent s’exprimer et se réaliser des initiatives féminines favorisant l’autonomisation économique, la préservation des ressources, un meilleur accès à la santé, à l’éducation, à l’eau, à l’énergie…
- En s’associant à d’autres ONG du sud et du nord pour dénoncer les accaparements de terres, les déplacements forcés, l’absence de prise en compte de l’avis et du consentement des femmes dans les processus de participation et de décision, le déni des droits et les violences faites aux femmes, et pour plaider que la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes soit une priorité des politiques de développement.