Nathalie Zemo Présidente du Réseau Femme Lève-toi (REFLET), un parcours d'engagement !

Est-ce que tu peux me raconter ce que tu es venue signer aujourd’hui ?


J’ai eu la grande joie de signer aujourd’hui une convention-cadre de partenariat entre l’ONG Initiative Développement et l’ONG que je préside, le Réseau Femme Lève-toi (REFLET). C’est une association gabonaise qui milite pour les droits humains, et plus particulièrement pour les droits des femmes et la démocratie.

Qu’est-ce qu’il y a dans cet accord-cadre qui méritait la signature d’un document ?


Cet accord formalise notre volonté de poursuivre un partenariat commencé en 2021 autour d’un projet de sensibilisation au respect des droits des femmes et de renforcement de leur pouvoir d’agir. Ce projet s’est achevé en2024, et nous démarrons désormais une nouvelle aventure ensemble : le projet Agir Contre Toutes les formes de Violences Basées sur le Genre (ACT-VBG), mis en œuvre au Gabon.

Cette collaboration a été très enrichissante pour nos deux structures. Nous avons rencontré Initiative Développement à un moment clé, alors que nous amorcions la professionnalisation de notre ONG, créée en 2015 et jusque-là essentiellement portée par des bénévoles. C’est notre partenaire Agir Ensemble qui nous a mis en contact avec Initiative Développement pour nous accompagner sur le renforcement organisationnel et institutionnel du REFLET.

 

Comment s’est déroulé ce premier accompagnement ?


Cela a commencé en 2023 et s’est tellement bien passé que nous avons souhaité poursuivre ! Cet accompagnement nous a permis de formaliser beaucoup de choses : mettre en place des outils de gestion que nous n’avions pas, nous projeter sur nos missions et sur l’avenir de l’association.

C’était une réflexion stratégique très riche, mais aussi une belle rencontre humaine avec les équipes du PAR d’Initiative Développement. Aujourd’hui, comme Initiative Développement est désormais représentée à Libreville, nous partageons les mêmes bureaux et collaborons au sein d’un réseau d’ONG.

À travers le projet ACT-VBG, Initiative Développement accompagne cinq autres ONG dans le même type de renforcement. L’expérience réussie avec le REFLET bénéficiera donc à d’autres structures œuvrant pour les droits des femmes. Notre objectif commun est de favoriser l’émergence à Libreville d’un réseau d’organisations qui militent pour les droits des femmes et apportent une assistance aux victimes de violences basées sur le genre.

 

Concrètement, comment s’est traduit ce renforcement organisationnel ?


Tout a commencé par un atelier, en février 2022 si mes souvenirs sont bons. Pendant cinq jours, nous avons pris le temps de parler de notre structure, de redéfinir notre vision, notre mission et notre plan d’action pour professionnaliser notre fonctionnement.

Avant, nous n’avions pas de contrats de travail : désormais, nos salariés sont recrutés dans un cadre formel, déclarés à la sécurité sociale. Nous avons obtenu un numéro d’identification fiscale, mis en place des procédures administratives et clarifié les rôles : conseil d’administration, bénévoles, volontaires, salariés.

C’est un véritable exercice de structuration : nous sommes passés d’une ONG de bénévoles à une organisation mieux organisée, plus professionnelle. Ces changements nous permettent aujourd’hui de répondre à davantage d’appels à projets.

 

Qu’est-ce que cet accompagnement vous a apporté sur le terrain ?


Nous avons beaucoup travaillé avec les équipes d’Initiative Développement sur les approches de mobilisation sociale. Avant, nous faisions de la sensibilisation, mais nous étions souvent frustrés : une fois les consciences éveillées, que faire ?

Grâce à la formation reçue, notre équipe de volontaires maîtrise aujourd’hui cette méthodologie. Nous l’avons déjà appliquée à deux reprises : d’abord à l’université, autour des droits des femmes, puis auprès d’une quinzaine de partis politiques sur la participation politique des femmes.

C’est une expérience enrichissante des deux côtés :Initiative Développement a découvert de nouveaux contextes d’action, plus urbains, et nous avons renforcé notre impact. La nouvelle convention de partenariat vient consolider cette dynamique, avec la volonté de poursuivre ensemble au Gabon – et pourquoi pas, plus tard, sur d’autres thématiques comme le développement local, qui nous intéresse aussi.

 

Justement, quelles sont les perspectives pour les années à venir ?


Nous allons bien sûr continuer à travailler sur la défense des droits des femmes et des minorités. Avec Initiative Développement, nous avons déjà contribué à faire connaître et fluidifier les dispositifs de prise en charge des victimes de VBG au Gabon.

Nous avons mis en place un groupe multi-acteurs – six ONG –qui travaillent de manière complémentaire : REFLET s’occupe de l’accueil, de l’écoute et de l’accompagnement économique, tandis que d’autres associations prennent en charge la santé sexuelle et reproductive, la dimension médicale, psychologique ou juridique.

L’objectif est désormais de pérenniser ces services, puis d’élargir notre action à d’autres provinces du pays. Nous souhaitons rapprocher les acteurs institutionnels et non gouvernementaux autour de projets de développement communautaire, dans un contexte où la décentralisation doit devenir une réalité.

C’est là que l’expertise d’Initiative Développement en matière de développement local sera précieuse, et que notre connaissance du terrain pourra, en retour, renforcer leur ancrage. C’est vraiment un partenariat gagnant-gagnant.

 

Peux-tu nous présenter plus en détails le REFLET ?


Le REFLET, c’est le Réseau Femme Lève-toi, une association gabonaise engagée pour les droits humains, et particulièrement pour la participation politique et économique des femmes. Nous travaillons sur le leadership féminin ,la formation, la sensibilisation et l’autonomisation économique.

Nous avons organisé, par exemple, une grande caravane nationale entre 2019 et 2021 pour renforcer le leadership des femmes. Aujourd’hui, on constate de vrais progrès : lors des dernières élections, la participation féminine a augmenté, même si nous restons en dessous des 30 % de représentation prévus par la loi.

Nous intervenons aussi sur les causes du décrochage des jeunes filles : violences, grossesses précoces, stéréotypes. Nous agissons à la fois auprès des femmes et des hommes, à Libreville et dans les provinces, pour faire évoluer les mentalités.

Avec nos partenaires, nous avons créé le site Citoyennes Engagées, qui sensibilise aux droits des femmes et diffuse des informations légales et pratiques. Et au-delà de la sensibilisation, nous accompagnons concrètement des victimes de violences.

Nous menons aussi des formations à l’autonomisation économique – par exemple dans le domaine de l’onglerie – et avons déjà soutenu une cinquantaine d’activités génératrices de revenus. Notre défi aujourd’hui est de renforcer le suivi de ces bénéficiaires.

 

Pour finir, peux-tu nous parler un peu de ton parcours personnel ?


Quand on tape “Nathalie Zemo” sur Google, on dit que j’ai 40 ans d’ONG ! Cela donne l’impression que j’en ai 90… En réalité, c’est juste que je suis engagée depuis très longtemps.

J’ai commencé adolescente, dans les mouvements de jeunesse chrétienne, puis à l’université avec la Jeune Chambre Internationale (JCI).J’ai fini présidente de la JCI Gabon en 2005. En 2015, avec des amies issues de différents mouvements et syndicats, nous avons fondé le REFLET : une ONG féminine, et aussi féministe, pour donner plus de place à la voix et à la sensibilité des femmes dans les questions de développement et de droits humains.

Professionnellement, j’ai fait des études de gestion et j’ai travaillé dans la communication d’entreprise. Depuis 2012, je dirige un cabinet de conseil en gestion des ressources humaines. Et parallèlement à mon engagement associatif, j’ai été nommée conseillère du chef de l’État parmi les leaders de la société civile, pour participer à la gouvernance publique.

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