Contexte

Ce programme est mis en œuvre en Haïti, dans les 3 départements du Grand Sud suivants : Sud-Est, Sud et Grand’Anse. 5 partenaires s’unissent pour le mener à bien : CROSE, ITECA, GRAMIR (3 organisations locales haïtiennes), IRAM et ID (ONG françaises). Il est financé par l’Ambassade de Suisse en Haïti et se déroulera du 1er mars 2019 au 28 février 2023.

L’objectif : renforcer les compétences des acteurs, nationaux (Etat, Ministères) comme locaux (OSC, communes, départements), en matière de développement local, et accroître l’articulation (mise en réseau…) et la cohérence de leurs interventions dans le domaine. La gouvernance locale participative et inclusive est au cœur du programme.

Il s’agit notamment d’outiller les communes pour une prise en charge de leurs responsabilités et l’augmentation de la gouvernance participative : modernisation de l’administration, passation des marchés, finances, plans communaux de développement, conseils de développement communaux (CDC)… Des animateurs ainsi que des référents thématiques (genre, gestion des risques et désastres, etc.) assurent cet accompagnement en continu, au plus proche et en fonction des besoins exprimés.

Le renforcement des organisations de la société civile (OSC) est également visé, via un appui spécifique (organisationnel, institutionnel), financier et des partages d’expériences entre elles. Des conventions seront signées pour formaliser ces accompagnements. Les OSC les plus dynamiques, identifiées par les acteurs locaux eux-mêmes, pourront bénéficier de cet appui ; appui qui sera également suivi par ces acteurs. Ce renforcement leur permettra de jouer un rôle dans le domaine du développement local (CDC) et de plaidoyer à plus large échelle.

L’accroissement de la représentation et de la participation des femmes dans les instances de décision fait aussi partie des objectifs : promotion du plan national d’action d’égalité femme/homme, OSC cibles disposant de 50% de femmes… Des formations portant sur le genre, les dynamiques associatives, le développement local, etc., seront réalisées à leur attention.

Enfin, est proposé à l’ensemble des acteurs (personnels et élus des communes, associations des Maires, agents des Ministères et des Directions départementales, et associations locales) de mettre en œuvre une « approche orientée changement » de manière pilote : réflexion sur leur rôle, fonctionnement, pérennité…

Ce programme est une démarche pilote menée en concertation avec plusieurs Ministères, notamment le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT). A terme, l’enjeu est d’étendre cette expérimentation sur le territoire national. Il est donc essentiel de capitaliser les réalisations menées, les approches différentes selon les spécificités des zones et des acteurs impliqués, et de partager les acquis (positifs et négatifs) avec les autres acteurs du domaine (autres programmes, ONG, Ministères).

TRAVAILLER EN CONSORTIUM, UN DEFI EN SOI

Le montage en consortium apporte indéniablement la complémentarité des expériences des partenaires qui le composent et le sésame pour accéder à des programmes d’envergure. L’accès à ces moyens pour le PAGODE permet d’espérer faire bouger les lignes sur des politiques d’accompagnement de la décentralisation en Haïti. Outre le bénéfice d’une expertise plurielle, un tel montage permet aussi d’acquérir la capacité d’un déploiement sur les 3 départements du grand sud d’Haïti (le Sud-Est, le Sud et la Grand’Anse) et la légitimité à agir sur ces territoires où sont historiquement implantées les 3 organisations haïtiennes du consortium.

L’autre pari plus ambitieux est de miser sur la capacité de ces 5 partenaires à se mobiliser autour d’une vision et d’une approche commune, ce qui va bien au-delà du montage « simple » d’un groupement comme on pourrait le constituer dans la seule logique de réponse à un appel d’offres. Les ressorts pour répondre à cette dernière ambition de partage d’une même vision ne sont pas des plus simples, ni des plus spontanés et relèvent d’une dynamique partenariale de plus long terme. Or, cette construction collective ne s’inscrit pas dans la temporalité habituelle des logiques de programme. Ainsi faudrait-il idéalement en faire un préalable.

Pour revenir au consortium en charge du PAGODE, afin de faciliter le travail de coordination des activités, les mécanismes de gestion, et rendre plus sereines les relations inter partenariales, plusieurs recommandations relatives au fonctionnement en consortium émergent, après cette première année et demi de travail ensemble :

– définir les modalités juridiques de solidarité (notamment financière) par la convention qui lie les partenaires

– énoncer les responsabilités et tâches principales des cadres du consortium au démarrage des activités

– planifier les activités engageant l’ensemble du consortium en tenant compte de « l’inertie » liée à un collectif

– formaliser les modalités communes de gestion financière et administrative (manuel de procédures…) au plus vite (voire en amont de la signature des conventions) afin d’avoir des règles partagées.

Au-delà de ces préoccupations purement gestionnaires, et afin de contribuer à la construction d’une collaboration basée sur un partage de valeurs, le PAGODE a, malgré des délais très serrés, permis que soit défini un positionnement commun sur plusieurs approches (renforcement des OSC, appui des institutions publiques, inclusion sociale, etc.). Le programme d’interventions a ainsi pu être précisé au cours de la 1ère année en fonction de cette communauté d’approches. Pour y parvenir, d’autres conditions doivent être réunies, on peut, entre autres, rappeler la nécessaire capacité d’animation et d’écoute de la coordination, un processus de décision concerté entre tous les membres du Consortium et le respect de l’identité de chacune des 5 organisations.